Allen Ginsberg en boucle

Avant de lire Allen Ginsberg, je l’ai entendu lire ses poèmes. La différence a son importance quand on évoque l’apôtre de la Beat Generation, performer rompu à la scène dont le talent oratoire porte si haut ses textes qu’il en devient indissociable. Allen Ginsberg est définitivement une voix. « Voix apparemment usée en surface, comme peut être usée une tête de lecture, mais prête à bondir à neuf dès qu’il était question d’une conviction » (Jacques Darras).

Lire ? Est-ce vraiment le mot le plus juste s’agissant de Ginsberg ? Celui-ci ne lisait pas ses poèmes, il les psalmodiait, poussant les vers jusqu’à l’essoufflement. Sans relâche. Il m’est arrivé d’écouter en boucle l’un de ses enregistrements en public sur un CD oublié dans le lecteur d’une voiture et qui s’enclenchait en même temps que le moteur. Heureuse coïncidence que d’entendre la voix de l’ami de Jack Kerouac, l’auteur d’On the Road, sur la route ! À chaque fois, l’importance de la rythmique de sa poésie résonnait avec davantage de force. Comme si la sonorité précédait le sens, comme si le sentiment précédait l’intelligence…

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